Dans le cadre du programme des cents jours du chef de l’Etat congolais, Félix Tshisekedi, plusieurs routes à Kinshasa et à l’intérieur du pays ont été refaites ou sont en voie de l’être. Dans la capitale congolaise, peuplée d’au moins de dix millions d'habitants, la plupart des gens ont l’impression que les routes récentes sont éphémères au regard des réparations qu’elles subissent. Pour les spécialistes du secteur, plusieurs faits contribuent à la destruction rapide des routes.
Sur l'avenue Pierre Mulele (ex-24 Novembre) dans son tronçon compris entre Bandalungwa et UPN. Depuis sa construction dans les années 1980, cette route a été reconstruite à trois reprises depuis 2008. La dernière réhabilitation en 2018 concernait les tronçons Landu jusqu'au marché de Selembao et de la maison communale de Selembao au rond-point UPN.
À ce jour, les mêmes tronçons sont impraticables. A la hauteur du marché la route est divisée en deux. Aux heures de pointe, tous les jours les bouchons sont signalés à cet endroit. Non loin de la boutique Galaxy à l’UPN, un nouveau nid de poule a déjà endommagé une bande et gagne progressivement l’autre partie de la chaussée.
La route de Matadi, elle est parsemée des nids de poule à plusieurs niveaux. La route Nguma présente la même situation, réparée chaque année, au bout de quelques mois, elle finit par céder. À Ngiri-Ngiri sur l’avenue Shaba juste devant la grande école de ladite commune, un grand trou s'est creusé obligeant les véhicules à ralentir.
Plus à l’est de Kinshasa, à l’entrée de l’avenue de l’abattoir à Masina, un grand trou empêche la bonne circulation des véhicules à ce niveau. Les récentes routes bitumineuses construites semblent se détériorer plus vite. A qui la faute ?
Les responsabilités sont partagées
Merlin Cibonga est ingénieur environnementaliste chez Arab Contractors. Il estime que les responsabilités sont partagées à plusieurs niveaux. D’après lui, les sociétés de construction comme les habitants participent à la détérioration rapide des routes de Kinshasa.
« Une route se dimensionne en fonction du trafic auquel on lui attribue pendant une durée, s'il y a erreur comme c'est souvent le cas pour nos routes, la pose des bitumes aussi ne sera pas correcte. Le calcul du trafic est théorique, si l’on prévoit sur une route le passage de mille poids-lourds alors que ce sont deux mille qui y passent chaque jour la durée du bon état de la route sera réduite », laisse-t-il entendre.
Merlin Cibonga évoque aussi les conditions d’assainissements dont dépend une route pour qu’elle reste en bon état. La bonne canalisation de l’eau est l’une de ces conditions. « Une route ne tiendra jamais d'elle-même, elle a besoin d’assainissement. A Kinshasa les caniveaux et égouts sont devenus des poubelles où l'on jette divers déchets principalement les plastiques. Les objets en plastiques et l’eau sont les premiers ennemis d'une route en bitumes », explique-t-il.
Lorsque les caniveaux ne sont pas bien curés, l’eau se déverse sur la chaussée et avec l’effet de la chaleur finit par la détruire.
Guylite Mandefu est architecte spécialiste dans la réalisation des grands travaux. Lui trouve le problème ailleurs. Il estime qu'il y aurait une complaisance dans l'attribution des marchés aux entreprises de construction qui ne respectent pas parfois les normes.
« Le problème se pose au niveau des personnes à qui on confie la charge d’exécuter les travaux. Elles ignorent les techniques qu’exige une route moderne, ne respectent parfois pas le nombre requis des couches que doit comporter une route », affirme M. Mandefu.
L’agence congolaise des grands travaux, le service public qui conçoit et gère les projets d’infrastructures routières, n’était pas immédiatement disponible pour apporter son éclairage au moment du bouclage de cet article.