Dans les années 70 lorsqu'il fut construit, l'immeuble symbolisait la haute classe, l'aisance matérielle et financière. 90 mètres de hauteur, 26 niveaux et près de 200 appartements, les "Nouvelles Galeries Présidentielles" ne représentent aujourd’hui plus rien de nouveau et encore moins de présidentiel.
Les nouvelles galeries présidentielles font partie d’un complexe de deux tours jumelles : les anciennes et les nouvelles galeries. Les anciennes Galeries présidentielles comptent 23 niveaux. Les alentours des tours jumelles sont des véritables places commerciales. On y trouve un peu du tout : de l'aiguille au costume en passant par la nourriture. Chaque besoin ou presque y trouve satisfaction. Les badauds qui ont élu domicile autour de cet édifice font office d'intermédiaires de commerce. Le jour, ils cernent très facilement les besoins du client et sont aptes à orienter les visiteurs souvent sans rien demander en retour. Aux heures tardives de la nuit, ils sont beaucoup moins gentils et peuvent vous dépouiller de vos biens au détour d’un coin isolé.
Le rez-de-chaussée des Galeries est un couloir de boutiques d'habillement de haute marque. Tout le monde ne vient pas s'aventurer dans ces boutiques. Elles, au moins, peuvent mériter le qualificatif de "Présidentielles".
Les montées et descentes aux NGP sont censées être assurées par deux ascenseurs. Pourtant, ce n'est pas trop souvent le cas. Opérationnels depuis des lustres, les ascenseurs accusent plusieurs faiblesses. Lorsque l'un fonctionne, l'autre est hors-service. Il arrive parfois que par coup de chance, les deux fonctionnent en même temps. Mais les habitués savent que le plaisir ne dure jamais trop longtemps. À l'accueil, les résidents ou visiteurs des NGP sont habitué à un rituel : s'entasser à l’accueil et prendre l’ascenseur par ordre d’arrivée. Nicolas, habite le 18e niveau et explique que c’est plus ennuyeux durant la période de classe. « je dois de fois monter les 18 niveaux avec la fatigue d’après cours, c’est vraiment ennuyeux ».
"Nouvelles" n'est pas vraiment le mot que l'on peut utiliser pour décrire l'état des murs des NGP. La peinture est vétuste et les traces de moisissures, les toiles d’araignée, les taches de saletés, y sont très visibles. Parfois, une poubelle inondée oubliée dans les escaliers empeste et pollue l’air alentour.
À partir du septième niveau, chaque étage dispose d’une toilette publique. Certaines toilettes sont carrément bouchées mais continuent quand même à être utilisées.
L'un des grands casse-têtes de cet immeuble est la fourniture en dents de scie de l’eau potable au sein de l’immeuble. Régulièrement, un communiqué d'excuse de la part du syndic est placé dans les ascenseurs ou glissé discrètement en dessous des portes. Deux facteurs expliquent cette rareté de l'eau : les dettes accumulées par le syndic face à la Regideso.
"Les avis de coupure viennent chaque fin du mois mais le syndic se débrouille toujours pour négocier un sursis avec la Regideso et la SNEL" explique un nettoyeur de l'immeuble.
La deuxième cause de la mauvaise fourniture en eau est « les pannes récurrentes de l'hydrophore basse pression », une expression devenue coutumière des occupants. L’hydrophore basse pression est cette machine qui permet de propulser l’eau vers les étages de l’immeuble. Comme solution, les résidents doivent soit constituer des stocks d’eau lorsque l’eau est disponible, soit descendre en puiser au rez-de-chaussée et escalader les escaliers. Julie se souvient avoir escaladé les marches des 7 niveaux avec un bidon de 20 litres. c’est son pire souvenir en tant que résidente. « En juillet 2018, alors que je venais d’entrer aux NGP, il y a eu une panne de l’hydrophore. Pendant trois jours, je devais faire des montées pour aller puiser de l’eau au rez-de-chaussée. Je suis tombé malade après ».
Tout n’est pas que sombre aux NGP. Le toit de l’immeuble offre une excellente vue de la ville de Kinshasa, du majestueux fleuve Congo et de la ville de Brazzaville. Et il y souffle un très bel air.