La République démocratique du Congo bascule progressivement de la télévision analogique terrestre à la télévision numérique terrestre (TNT). Les médias traînent les pas, alors que plusieurs utilisateurs ignorent tout de cette transition.
En 2015, l’Union Internationale des Télécommunications avait levé l’option d’éteindre le signal analogique au profit du numérique. Beaucoup d’Etats africains membres de cette structure dont la RDC avaient pris du retard, et le délai n'avait pas été respecté.
La date butoir du 30 avril 2018, déterminée comme celle du basculement définitif, n’avait pas été tenue. Les chaînes de télévision qui évoquaient les difficultés financières pour expliquer le non-respect de ce délai avaient sollicité et obtenu un nouveau report.
De manière concertée, 2019 était la dernière année moratoire pour basculer totalement sur la TNT pour les chaînes de la capitale congolaise. Deux dates avaient été annoncées : le 30 juin pour la coupure du signal en UHF et le 30 décembre 2019 pour le VHF. Le 30 juin passé, aucune chaîne de télévision émettant sur UHF n’a été coupée.
L'ASBL CNCT (commission nationale des chaînes de télévision TNT) dont Bethy Pitilo est le président réunit tous les responsables des chaînes TNT. Elle rappelle aux médias qu'ils ont jusqu'au 7 juillet pour se conformer aux règles. Peu sûr que ces derniers s’exécutent au regard de nombreux reports passés. Ils risquent plutôt d’être surpris le jour où
les signaux seront coupés.
La plupart des chaînes de télévision émettant à partir de kinoises ont migré vers la TNT les usagers, eux, ignorent encore la nécessité de se procurer un matériel adéquat pour ne pas subir une interruption le moment venu.
Péguy est gérant d’un bar sur l’avenue du stade, dans la commune de Kasa-Vubu. Peu avant midi, il essuie les nappes alors que des clients s'attablent déjà. En attendant d’être servis, ils suivent la rediffusion d'un match de la coupe
d’Afrique sur une télé à tube cathodique. Comme il en existe encore en RDC. Péguy se doute de l’interruption de plusieurs fréquences UHF dans les prochains jours. Il est même surpris de l’apprendre.
« Ce sont nos chaînes pourquoi devraient-elles être coupées ? Et pourquoi les autorités veulent encore nous empêcher de nous divertir ? », peste le jeune homme d'une voix rocailleuse.
A Bandalungwa, Jason Mingi, la trentaine est tenancier d’une échoppe de vente de crédit téléphonique. A côté, il gère aussi un petit bar. Son établissement dispose d'un poste téléviseur à écran plasma. Contrairement à Péguy, Jason sait qu'il va devoir se procurer un décodeur TNT pour continuer à suivre ses programmes sur les chaînes locales. Tout ce qui le freine est le prix du matériel qu’il trouve exorbitant.
« J’avais cru que c’était juste une annonce politique pour faire taire les chaînes de l'opposition mais à ma grande surprise vous me rappelez que l'interruption interviendra dans quelques jours. Pour satisfaire mes clients je m’étais fixé l’objectif d’acheter le décodeur mais le prix de 20$ (33.000fc) est exorbitant par rapport à la qualité des programmes
proposés », affirme-t-il.
Son souhait est que « les autorités s’impliquent dans la baisse des prix des postes téléviseurs avec TNT incorporée ».
A Kinshasa, les décodeurs TNT peuvent être achetés aux sièges des télévisions et au centre commercial Botour à la Gombe.
Le 30 décembre prochain le signal analogique sera coupé sur toute l’étendue de Kinshasa et en 2020 sur tout le territoire national.