On le connait trop élégant pour charger les arbitres ou les organisateurs de la compétition en cas de défaite de son équipe. Mais samedi 31 janvier en conférence de presse après-match, Florent Ibenge n’a pas mis les gants. Il a clairement pointé du doigt, et à plusieurs reprises, le Cameroun son adversaire du jour, en même temps hôte de la compétition, d’avoir largement contribué à la défaite de son équipe (1-2) en quart de finale du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN 2020).
« On a vendu chèrement notre peau aujourd’hui. Félicitations à l’équipe camerounaise qui a su tirer son épingle du jeu et à nous battre », a déclaré d’entrée de jeu Florent Ibenge, le technicien congolais.
Mais il s’est surtout appesanti sur les dysfonctionnements – réels ou provoqués – qui ont handicapé son équipe. En cause les tests Covid-19 imposés par la Confédération africaine de football (CAF) à toutes les délégations avant chaque rencontre pour ne pas propager la maladie.
« Nos échantillons ont été amenés dans un labo non agréé par la CAF. Je n’accuse pas le Cameroun, je dis ce qui s’est passé. On a fait les prélèvements, on les a amenés dans un labo. Et manifestement, les résultats étaient boutiqués », relève Florent Ibenge. Selon ces résultats, treize joueurs sont déclarés positifs et ne peuvent donc pas monter sur la pelouse, le règlement sanitaire de la CAF étant de stricte application.
Ibenge se voit ainsi privé de « tout [son] milieu de terrain, toute [son] attaque et d’un défenseur ». Les Congolais apprennent cette nouvelle vendredi dans la mi-journée, au cours de la réunion technique qui regroupe les deux adversaires et la CAF. Les officiels de la CAF eux-mêmes présents à cette réunion apprennent la nouvelle auprès des Camerounais alors que c’est eux qui en principe doivent communiquer ces résultats aux différentes parties. Les Congolais vont à l’instant même contesté ces résultats.
« On a demandé la contre-expertise, ils venus nous prélever à 23h30’. Et c’est [samedi] à 14h30 que les résultats sont sortis. Et de toute notre délégation, il n’y a que trois qui ont la Covid : deux joueurs et un kiné. Comment vous voulez préparer un match comme ça. Hier il était Covid, aujourd’hui, il ne l’est plus. Ce n’est pas normal. », raconte encore, dépité, Florent Ibenge.
C’est donc seulement à 5 heures du coup d’envoi que le sélectionneur devait à présent préparer sa feuille de match, déterminer les joueurs à aligner à l’entame et mettre en place un plan tactique contre l’adversaire.
Sur un ton plus grave, Florent Ibenge cracher un peu plus son amertume.
« Ce n’est pas humain ce qu’on a fait. Je parle personnellement de mon cas. On m’a fait prendre les médicaments alors que je n’étais pas malade. Je ne souffrais pas de Covid, on m’a déclaré Covid. Et je ne suis pas le seul. Toute notre délégation a vécu ça. J’ai des joueurs qui n’ont pas pu jouer alors qu’ils n’étaient finalement pas Covid. Ça ce n’est pas beau du tout. C’est, à la limite, criminel. Ce n’est pas normal. On est dans le football, le football c’est la joie, l’amitié, la fraternité. Ce n’est pas tuer les gens », répond-il à un journaliste qui lui reprochait de trouver des excuses en dehors du terrain pour justifier la défaite de son équipe.
« Les gens ne se rendent pas compte, mais ça donne une très mauvaise image du Cameroun. Même pour le commun de mortel, ceux qui vont voyager, quelle sera la validité des tests Covid du Cameroun ? », s’interroge-t-il en guise de conclusion à cette triste fin de CHAN pour la RDC, double vainqueur de cette compétition, en 2009 et 2016.
Les joueurs vont rentrer retrouver le championnat local. Les supporters eux, à défaut de se consoler des victoires passées, peuvent toujours caresser l’espoir d’un avenir moins cruel pour les Léopards. Le prochain CHAN, c’est déjà en 2023.