Le 10 mars 2020, les autorités sanitaires de la République Démocratique du Congo annoncent le premier cas du Covid-19 en RDC. L’identité du patient est même révélée dans les médias après un rétropédalage qui aura le mérite de semer le doute et la confusion dans les esprits.
« Nous avons enregistré un premier cas de nouveau coronavirus à Kinshasa, il s’agit d’un homme de 52 ans de nationalité congolaise résidant en France. Il est arrivé à Kinshasa le 8 mars en provenance de France. Il est confiné dans un hôpital. Nous sommes en train de suivre les gens avec qui il était en contact pour que tout ce monde-là soit mis en isolement et qu’il soit testé aussi », déclarait le ministre à la presse.
Une heure avant, le ministre de la santé annonçait que le premier cas Faustin Fitika était un belge puis un Congolais vivant en Belgique. L’ambassade belge en RDC avait demandé que l’identité de ce patient lui soit transmise pour confirmation, ce que le ministre n’avait pas fait avant d’annoncer finalement qu’il s’agissait d’un ressortissant congolais vivant en France. L’hôtel situé dans la commune de la Gombe où il avait posé ses valises avait été fermé et mis en quarantaine.
Le malade lui, était conduit pour de soins avec sa femme à l’hôpital de l’amitié sino-congolaise dans la commune de N’Djili. Il a été déclaré guéri le 6 avril 2020 après de nombreux tests.
« Je vous confirme que je suis libre maintenant. J’ai été libéré dimanche dans l’après-midi. Après des tests, ils ont conclu qu’il n’y a plus rien. Tout a été négatif. Ils ont fini par nous relâcher. Les deux examens que madame a faits ont été négatifs », affirmait Faustin Fitika à Radio Okapi après avoir quitté l’hôpital près d’un mois après son admission.
Après sa sortie de l’hôpital, il donnera plusieurs interviews contradictoires à la presse locale. Tantôt il reconnaissait avoir contracté le virus et disait faire confiance aux autorités sanitaires congolaises et les jours d’après il se rebiffait et reniait ses paroles.
La population congolaise aura eu du mal à accepter l’existence même du Covid-19. Le déni et la résistance aux communications du comité de riposte au Covid-19 vont marquer cette première année de l’épidémie en RDC. Comme en témoignent les études barométriques réalisées par le cabinet à partir d’avril 2020, soit un mois après la déclaration de l’épidémie en RDC.
C’est par exemple cette étude publiée le 10 juin 2020 qui révélait que 63% de la population ne croyait pas à la dangerosité de cette maladie. En septembre le doute s’était encore accentué, le chiffre passant de 63 à 68%.
Joël, 39 ans, habite la commune de N’Djili. Il est parmi de nombreux incrédules qui doutent de l’existence du Covid-19 en RDC. « Le coronavirus en RDC est une aventure. Le ministre disait une chose et le patient son contraire. Tout ceci n’a qu’un seul but : gagner de l’argent », mentionne-t-il.
Parmi la minorité qui croit en l’existence du Covid-19 figurent les personnes qui ont été testés positives ou celles dont les proches ont souffert ou sont morts de cette maladie, révélait une autre étude de Target.
C’est le cas de Ruth, 23 ans, qui pense avoir été contaminée par son père, un cadre dans une banque locale. Son cas a nécessité une hospitalisation d’une semaine à l’hôpital Monkole dans la commune de Mont-Ngafula.
Un an après l’apparition du Covid-19 en RDC, le pays compte près de 27.000 cas positifs cumulés pour 700 décès et plus de 20.000 guéris.