Jeudi 31 octobre 2019, le président Tshisekedi a reçu les lettres de créances de 7 ambassadeurs accrédités en RDC. La cérémonie est passée en Direct sur la chaîne nationale, elle était retransmise de manière quasi-instantanée sur les comptes des réseaux sociaux de la Présidence de la République. C’est quoi une lettre de créance pour que la Présidence de la république y accorde une telle importance ?
Jean-François Girault, ex ambassadeur de France au Maroc explique qu’une lettre de créance est une lettre officielle envoyée par un Chef d’État à un autre chef d’État ou chef d’Organisation internationale pour qu’il reconnaisse celui qui en sera le porteur comme étant son représentant personnel, comme le représentant habilité à parler au nom de l’État.
La particularité des lettres de créances réside dans leur remise. Elles ne sont pas expédiées par la poste ni distribuées par voie diplomatique, elles sont remises de mains à mains par l’ambassadeur au Chef de l’État auprès duquel il est envoyé. Généralement, cette remise donne lieu à une cérémonie officielle et solennelle, car le fait de remettre cette lettre, confère automatiquement à l’ambassadeur la reconnaissance officielle de sa mission. Dans la plupart des cas, la remise de créance se déroule dans le palais présidentiel. Il est souvent prévu le passage en revue d’un détachement militaire avec une fanfare et quelques rites protocolaires selon la coutume du pays hôte.
C’est en respect à ces traditions qui remontent au bas Moyen-âge que la cérémonie de réception des lettres de créances s’est déroulé au Palais de la Nation le 31 octobre 2019, une première sous la présidence de Félix Tshisekedi. Parmi les ambassadeurs qui ont déposé leurs lettres de créances, il y avait celui de l’Union Européenne. Le dernier ambassadeur de cette organisation en poste à Kinshasa avait été expulsé en Décembre dernier, en représailles au prolongement des sanctions européennes contre 14 personnalités clés du régime Kabila dont Emmanuel Ramazani Shadary alors candidat à l’élection présidentielle. Dans la lignée des exclus d’hier qui ont fait leur come back, il y aussi l’ambassadeur de la Belgique. Il avait été rappelé par son pays en Janvier 2018 après que la RDC ait jugé inappropriée les propos de Didier Reynders, ministre des affaires étrangères Belge, sur la désignation de Bruno Tshibala comme Premier Ministre.
Face à ce qu’elle considérait comme une entorse à l’accord politique du 31 décembre 2016, la Belgique avait, décidée de réorienter son aide à la RDC. En réaction, à cette décision de la Belgique, la RDC avait, dans un premier temps, en Avril 2017, rompu la coopération militaire avec la Belgique. En janvier 2018, la RDC alourdissait ses représailles en décidant de la fermeture du bureau de coopération installé au sein de l’ambassade de Belgique à Kinshasa, du consulat de Lubumbashi et de la Maison Shengen tant que celle-ci demeurait sous la gestion de la Belgique. C’est avec l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi que les relations diplomatiques entre la RDC, la Belgique et l’Union Européenne ont repris. Malgré ce réchauffement des relations sur le plan diplomatiques, la reprise de la coopération militaire n’est jusque-là pas encore au menu. Cette coopération avait été établie en 2004 et concernait principalement la formation de militaires congolais, et notamment de deux bataillons de réactions rapides.
Hormis les ambassadeurs de la Belgique et de l’Union Européenne, 5 autres ambassadeurs étaient concernés par cette cérémonie : celui de l’Italie, de la Suède, de la France, du Vatican et de l’Angola. Des ambassadeurs qui patientaient depuis plusieurs mois pour que le Président Tshisekedi trouve le temps de les recevoir.