Alors que les autorités congolaises ont interdit à la mi-mars la vente des biens non-alimentaires dans les marchés de Kinshasa pour freiner l'afflux d'acheteurs et tenter d'endiguer le Coronavirus dépisté pour la première fois le 10 mars, les Kinois ne tarissent pas d'imagination pour contourner la règle.
Le marché de l'UPN est quasi-vide, si quelques vendeuses de légumes et épices sont présentes, la plupart des étalages sont vides. Les boutiques sont la plupart ouvertes mais pour tromper la vigilance des agents de l'ordre les propriétaires poussent les portes sans fermer à clé et leurs agents invitent les clients à s'approvisionner. Lorsqu'un client est intéressé par un produit qu'il regarde de la fenêtre entrouverte, la porte lui est ouverte. "Entre maman nous avons toutes les dimensions de lotion pour bébé et adultes", dit à une cliente un travailleur d'une boutique de cosmétique située en-dessous de l'immeuble Mutombo Dikembe.
Certains vendeurs qui étalent à même le sol mais ne vendent pas les produits alimentaires sont chassés à coups de fouets par la police et les plus malheureux perdent la marchandise quand il faut fuir les policiers.
Certains trouvent injuste le comportement de policiers qui ne s'attaquent qu'aux commerces de congolais alors que certaines boutiques chinoises ne sont pas inquiétées alors qu'on n'y vend pas les denrées alimentaires. Un commerçant est étonné que sa boutique soit prise pour cible alors qu'il y vend de produits alimentaires, c'est une injustice selon lui: "Je me demande pour les super marchés sont ouverts alors que moi je dois fermer mon commerce. Comme eux je vends du sucre, de l'huile, de la farine, du lait et tant d'autres produits de première nécessité. L'ordre a été mal donné ou c'est maintenant un jeu de la Police?", se questionne ce monsieur dont le quotidien est devenu la surveillance des agents de l'ordre pour éviter qu'ils saisissent ses produits.
Au marché de Bandalungwa c'est le même constat. Le long des avenues de la Libération et Kimbondo quelques boutiques d'habillement sont ouvertes. Les restaurants, bars et terrasses sont tous fermés à part le soir où quelques uns essaient d'ouvrir de manière furtive.
Comme sur la grande avenue Assossa dans la commune de Kasa-Vubu. Certains bars et terrasses sont ouverts mais il n' y a pas plus de dix personnes. De personnes éloignées les unes des autres dissimulent les bouteilles de boisson en-dessous de chaises. Pas de tables et pas d'éclairage à ces endroits par peur d'attirer du monde ou encore l'attention de la police.
Le marché Bayaka dans la commune de Ngiri-Ngiri est laissé complètement libre même s'il n' y a pas du monde comme d'habitude. Réputé pour la vente des mitrailles automobiles, dans ce marché le commerce se poursuit tranquillement sous l'œil de la police.
Beaucoup de ces commerçants craignent également être atteints par la maladie mais affirment ne pas avoir le choix que de venir chercher le pain quotidien. Ils ont fermé pendant les trois premiers jours de l'entrée en vigueur de mesures préventives prises par les autorités mais estiment qu'ils ne pourront pas rester fermés longtemps car n'ayant plus des ressources financières.