Le couvre-feu est entré en vigueur sur toute l’étendue du territoire national le 18 Décembre 2020. Il débute à partir de 21 heures. La consigne est respectée même si les cas isolés de désobéissance ne manquent pas, les commerces nocturnes, eux, changent des horaires mais ne s’adaptent toujours pas et perdent leurs chiffres d’affaires. De nombreuses personnes parcourent de longues distances à pied pour arriver plus tôt à la maison et éviter la sanction.
Les routes de la capitale Kinshasa connaissent de gros embouteillages que d’habitude depuis l’instauration du couvre-feu. Pour ne pas passer la nuit au commissariat de la Police, les gens préfèrent rentrer plus tôt, ce qui fait que les routes sont complètement bouchées aux heures de pointe et de personnes rentrent à pied. Au district de Tshangu, le plus peuplé de la ville, les gens se filment tous les jours en train de parcourir de longues distances à pied.
A Kintambo, sur le tronçon compris entre les écoles Loupiots, Aurore, Révérend Kim et Kintambo Magasin, la circulation est bloquée, il est 17 heures. Pareil sur les tronçons Kintambo-UPN et Kintambo-Victoire. Aux arrêts de bus, de nombreuses personnes attendent les bus. Quelques jeunes garçons à l’arrêt de bus pour UPN, ils se parlent entre eux et s’énervent pour le temps passé à attendre un bus, plus d’une heure. A 18h30, à deux heures et demie du début du couvre-feu. Six d’entre eux décident de rentrer à pied puisqu’ils doivent prolonger leur parcours jusqu’à Mitendi. De Kintambo Magasin au rond-point UPN la distance est d’une dizaine de kilomètres.
Certains commerces kinois réalisent une bonne partie de leur chiffre d’affaires la nuit et ce n’est plus le cas, les rentrées budgétaires en baisse. Si certains essayent de s’adapter aux nouvelles règles, d’autres n’y arrivent pas.
Il est 18h à Matete, une commune au centre de Kinshasa. Au quartier Mongo, Trésor barman, reçoit ses premiers clients dans la petite terrasse dénommée Joyce qu’il gère. D’habitude, il les sert jusqu’à 2 h du matin. Avec les nouveaux horaires du couvre-feu impossible de les garder jusqu’à ses heures tardives. ''Le couvre-feu a tout chamboulé comme pendant la période du confinement. On ne vend pas. Nous enregistrons la grande partie de nos recettes à partir de 20h jusqu’à minuit. Depuis que les autorités ont décidé de mettre en place le couvre-feu, rien ne marche chez nous. Dès qu’il est 20 h, les clients commencent à quitter le lieu et nos chaises restent vides alors que c’est le moment où nous recevons le plus grand nombre de clients qui reviennent du travail”, déplore-t-il.
D’après Trésor, les ventes quotidiennes ont baissé de 80% alors que le mois de décembre reste celui pendant lequel sa terrasse enregistre son plus gros chiffre d’affaires.
Un peu plus loin toujours au quartier Mongo, Moustapha Makengo barman également, a modifié ses heures de travail pour espérer gagner un peu plus : “J’ai modifié mes heures de travail pour m’adapter au couvre-feu. Je démarre mes activités vers 11h au lieu de 16 heures et je ferme à 20h au lieu de 23 heures. Mais je crains d’étaler beaucoup de chaises sans avoir de clients. Souvent, ils viennent chez nous de 20h à 21h, mais là on est obligé de faire comme tout le monde pour ne pas avoir de problèmes avec le commandant de Police du secteur”, explique ce jeune habillé en soutane islamique. Il se dit d’autant plus soucieux que le confinement lui a déjà coûté cher.
A l’arrêt Tshilombo dans la commune de Matete, Maman Carine est responsable du fast-food Sepelas. Ses heures de travail habituelles sont comprises entre 16 h et 22 h. Les pertes enregistrées pendant le confinement n’ont pas encore été comblées, voilà qu’à cela s’ajoute le couvre-feu, ce qui n’arrange pas ses affaires. “Depuis le confinement on a déjà perdu déjà 50 % de notre chiffre d’affaires. Avec le couvre-feu, ça va être encore pire”, regrette-elle.
Les conducteurs de transport en commun eux, profitent de cette accalmie pour hausser les prix de courses. La situation s’observe un peu partout dans la ville.Le couvre-feu est en vigueur de 21h00 à 05h00. C’est pour limiter la propagation du coronavirus en RDC, qui touche surtout la capitale Kinshasa avec près de 80% des cas enregistrés sur toute l’étendue du territoire national. De barrages de la Police sont érigés chaque soir sur quelques grandes artères de la capitale pour faire respecter le couvre-feu.